2017 : Zone de turbulence ou long fleuve tranquille sur le marché juridique québécois?

2017 : Zone de turbulence ou long fleuve tranquille sur le marché juridique québécois?

18 January, 2017

La réponse ? Toujours difficile à prédire, même si le niveau d’activités demeure très élevé dans le marché (et chez ZSA par ricochet!).

Évidemment, la demande pour des candidats qualifiés varie et est impactée par les cycles économiques : nous n’avons qu’à nous rappeler l’année 2008 et les licenciements assez nombreux qui ont suivi dans plusieurs cabinets pour nous en convaincre. Cela dit, et outre les soubresauts du marché, ce qui, je le constate, semble beaucoup varier d’une année à une autre a souvent trait aux secteurs de spécialisation pour lesquels nous recrutons, ainsi qu’au niveau de séniorité de ceux-ci. Alors qu’une année sera marquée par l’ouverture de plusieurs postes très seniors dans les départements des affaires juridiques, l’année suivante pourra quant à elle faire vivre une réelle disette aux aspirants à de tels postes – à leur grand désarroi, il va sans dire. De la même façon, certaines années connaissent plus que d’autres le jeu de la chaise musicale chez les associés, un peu comme si le niveau de mécontentement se propageait sans prévenir, comme une traînée de poudre, et les faisaient passer d’un cabinet à un autre dans une plus grande proportion.

Quant aux cabinets, les prévisions de marché sont probablement celles qui sont les plus difficiles à faire : contrairement aux entreprises, les cabinets d’avocats fonctionnent encore très souvent avec une approche de type ‘just in time’. Plutôt que d’appliquer le plan stratégique (qui n’existe pas toujours!), certains réagissent dans l’urgence à un départ soudain, à l’arrivée d’un important dossier, à la perte d’un important client ou à l’opportunité que représente, malgré l’absence de besoin réel, l’embauche d’un associé qui est ouvert à « passer à l’ouest ». Si une telle façon d’opérer a certes le mérite d’être bénéfique pour des entreprises comme la nôtre, entraînant quasi-inévitablement avec elle un roulement plus élevé que nécessaire, il n’en demeure pas moins qu’il ne s’agit que l’approche essai-erreur comporte son lot de surprises.

Malgré tout, y a-t-il des tendances ? Assurément quelques-unes, oui.

D’abord, celle de la croissance des départements juridiques internes, qui ne se dément pas d’année en année. Non seulement les entreprises souhaitent-elles mieux gérer leurs coûts et développer une expertise à l’interne, mais les avocats semblent-ils avoir un intérêt beaucoup plus grand qu’auparavant à se rapprocher du monde des affaires et à faire partie de décisions dont ils verront les impacts de près et à long terme. En cabinet, la situation est évidemment différente: on parle ici de consolidation bien davantage que d’expansion. La taille des cabinets est sensiblement la même sinon un peu moindre ces dernières années, souvent au profit de l’adoption d’une structure « nationalement » mieux intégrée permettant d’utiliser les effectifs disponibles d’un bout à l’autre du pays : une stratégie qui, si appliquée méthodiquement, permet de ne pas toujours remplacer ceux qui quittent, de réaliser des économies substantielles et de faire augmenter le sacro-saint profit per partner.

Egalement, celle de la spécialisation. Une spécialisation qui, d’ailleurs, s’étend maintenant de plus en plus aux départements juridiques internes. Jusqu’à récemment, les généralistes ayant des réflexes variés dans diverses sphères du droit étaient, à quelques exceptions près, les plus recherchés pour les postes en entreprise. L’entreprise, qui ne disposait souvent que d’un ou deux avocats internes, recherchait celui qui, comme un bon médecin généraliste, savait poser le bon diagnostic, quitte à ensuite référer au spécialiste. En contrepartie, les cabinets prêchaient la spécialisation et étaient ainsi en mesure d’offrir une plus-value vis-à-vis des services déjà rendus par les avocats internes. Les uns complétaient les autres, en quelque sorte. Or, depuis deux ou trois ans, je constate que ces mêmes généralistes ont parfois plus de difficulté qu’avant à trouver chaussure à leur pied, et ce, malgré une feuille de route impressionnante. En effet, le chef des affaires juridiques, plus qu’avant, se doit d’avoir soit une spécialisation dans un domaine spécifique du droit, soit une expérience préalable approfondie dans un secteur d’industrie donné, qu’il s’agisse de l’industrie des services professionnels, du monde bancaire ou encore du milieu l’assurance, pour ne nommer que quelques exemples récents sur lesquels nous avons travaillé.

Une plus triste tendance, maintenant : celle de la situation des jeunes diplômés, qui semble se détériorer. Non seulement plus de gens accèdent aujourd’hui à la profession, grossissant ainsi les rangs des quelque 25 000 avocats qui la composent déjà, mais les avocats travaillent-ils aujourd’hui plus longtemps qu’avant, repoussant d’autant l’heure de la retraite. Conséquence : les barrières à l’entrée sont plus importantes comme le nombre de postes disponibles, lui, ne croît pas d’autant. La situation se résume ainsi à sa plus simple expression économique: la demande dépasse trop souvent l’offre et le prix (ici le salaire) en souffre conséquemment. La solution? Se démarquer, se doter d’une formation additionnelle, prendre charge de son réseau de contacts sans attendre et…être patient!

Enfin, on peut aussi parler de tendance en parlant de la régionalisation du marché québécois. Avec un bassin fertile de PME et un nombre un peu moins élevé de sièges sociaux de grandes entreprises situés au Québec, la pression sur les taux est bien réelle pour les praticiens de pratique privée, qui doivent s’adapter à la réalité des entreprises d’ici. Les cabinets locaux et de moyenne taille, qui desservaient traditionnellement cette clientèle de PME, voient ainsi la compétition s’intensifier, de plus gros joueurs cherchant dorénavant à obtenir eux aussi des parts de ce marché. Malgré cela, plusieurs cabinets locaux voient dans la situation une opportunité de croissance, profitant de l’oreille nouvellement plus attentive de grandes entreprises travaillant jusqu’ici presqu’exclusivement avec de plus grands cabinets et cherchant à diminuer leurs coûts externes. Le grand joue dans la cour du plus petit, et vice versa!

Quant à la situation des femmes, sur laquelle j’aurais bien des choses à dire, l’espace manque : cela devra donc faire l’objet d’un autre billet!

Bon début 2017!


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