Organisés tous les deux ans, les Prix des Conseillers juridiques du Québec (PCJQ) célèbrent l’excellence de la communauté des conseillers juridiques du Québec. À l’édition 2023, un maître de cérémonie avait particulièrement marqué les esprits : Joey Hanna, chef de bureau du HCR (UNHCR) à Montréal, juriste, communicateur instinctif et véritable showman.
Pour l’édition 2025, ZSA Québec est ravie de l’accueillir à nouveau au micro. Une continuité naturelle, tant son animation énergique, humaine et intelligente avait séduit les lauréats, finalistes et invités il y a deux ans.
Entre deux missions humanitaires, un quotidien chargé au HCR et un engagement profond envers la justice sociale, Joey a répondu aux questions de Dominique Tardif, présidente de ZSA Québec.
Dominique Tardif, présidente de ZSA Québec, prend la main pour vous présenter notre maître de cérémonie des PCJQ.
Eh oui! il nous a dit oui, encore cette année! Joey Hanna animera notre Gala des conseillers juridiques du Québec (PCJQ) le 24 novembre prochain. Je suis absolument ravie – sachant que vous le serez tout autant!
Plein d’esprit, avec un sens inégalé de la répartie et un humour fin, désopilant et percutant, Joey maîtrise l’art de la rhétorique comme peu peuvent s’en vanter. Mais ça, vous le savez déjà si vous y étiez il y a deux ans.
Ce que vous ne savez peut-être pas encore, c’est que Joey est le chef de bureau canadien de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. C’est un avocat de formation qui défend les droits des vulnérables avec conviction, un gestionnaire prêt à déplacer des montagnes pour sensibiliser les autres aux causes qui lui tiennent à cœur, et un globe-trotter qui n’hésite pas à faire du travail de proximité pour bien saisir la réalité du terrain.
En vrac, en voici donc un peu plus!
Joey Hanna et le HCR : un rôle qui dépasse les frontières
Avant de plonger dans l’entrevue, difficile de ne pas souligner la nature profondément humaine de son travail au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR/UNHCR).
À titre de chef de bureau du HCR à Montréal, Joey joue un rôle clé dans :
- la collaboration avec les gouvernements,
- la sensibilisation du public aux crises humanitaires,
- le développement de partenariats avec les entreprises et le milieu philanthropique,
- la mobilisation de soutien pour les réfugiés et les personnes déplacées de force à travers le monde.
Le Canada est l’un des pays les plus généreux au monde envers le HCR — et Joey se trouve précisément au carrefour entre diplomatie, mobilisation, éducation et plaidoyer.
Un mandat profondément humain
Que ce soit :
- en rencontrant des réfugiés le matin,
- en travaillant avec des décideurs l’après-midi,
- ou en enseignant le droit de l’immigration le soir,
Joey incarne une mission au cœur de laquelle se trouvent la dignité, la protection et l’espoir.
Son passage récent de plusieurs mois en Jordanie, au Liban et en Syrie illustre à la fois son engagement professionnel et son parcours personnel, lui dont la famille a elle-même fui le conflit syrien. Ces missions ne sont pas seulement des déplacements : ce sont des expériences qui marquent, transforment et donnent un sens profond à sa fonction.
Pourquoi un maître de cérémonie lié au HCR?
Quand il monte sur scène, Joey ne laisse jamais complètement derrière lui son rôle au HCR.
Pour lui, l’animation d’un gala comme les PCJQ n’est pas qu’un moment de lumière : c’est aussi une opportunité d’éveiller les consciences, d’expliquer une mission vitale et de rappeler que le droit, la solidarité et l’humanité sont intimement liés.
Qu’est-ce qui t’allume dans le fait d’animer le gala des PCJQ?
(Pourquoi nous avoir dit oui une seconde fois?)
Joey :
« Le plaisir, avant tout! Qui dirait non à un micro et à une salle remplie de 200 avocats? Beaucoup de gens, j’imagine… mais certainement pas moi! C’est une occasion en or de mêler humour, un brin d’audace et beaucoup de visibilité pour ma cause, celle de la protection des réfugiés. »
Joey Hanna, un showman?
Joey :
« L’animation coule dans mes veines depuis toujours. Enfant, j’étais animateur dans un camp de vacances. Jeune adulte, j’ai fait du théâtre pour enfants et de l’improvisation. Et depuis plus de dix ans, j’ai animé une foule d’événements dans la communauté juridique — de la rentrée judiciaire aux galas, en passant par des colloques sérieux et des soirées festives.
Ce que j’aime dans l’animation, c’est qu’elle fait appel à toutes les facettes de ma profession : la répartie du litige, la rigueur de l’enseignement, la force du plaidoyer. Dans tous les cas, il faut savoir capter, convaincre… et parfois, divertir. Et ça, c’est du spectacle! »
Être maître de cérémonie et chef du UNHCR : mais il est où, le lien?
Joey :
« Développer des partenariats avec le secteur privé fait partie intégrante de mon mandat en tant que chef de bureau du HCR à Montréal. Nos opérations internationales reposent sur des contributions volontaires, principalement des États… mais aussi du secteur privé! Les entreprises et les donateurs individuels au Canada comptent parmi les plus généreux au monde. Le Gala de ZSA m’offre donc une tribune incroyable pour expliquer le mandat du HCR et démontrer concrètement comment, même un petit don, peut transformer des vies. Être maître de cérémonie, c’est bien plus qu’animer : c’est incarner ce lien entre le monde juridique, la solidarité et l’action humanitaire. »
Le trac, ça te connaît?
Joey :
« Pas vraiment… du moins, pas celui de monter sur scène! Ce qui me fait vibrer, c’est justement d’être devant un public. Ce qui est plus exigeant, c’est de jongler avec mes engagements professionnels, ma vie personnelle et l’écriture du gala. C’est là que le trac se cache. »
Tout préparé, ou en partie improvisé?
Joey :
« Tout préparé, sans compromis! Leave no stone unturned, comme on dit. Rien n’est laissé au hasard. À l’époque où j’étais avocat plaideur, j’écrivais mes plaidoiries mot pour mot – non pas pour les réciter, mais pour structurer mes idées et assurer la cohérence de mon propos.
C’est exactement la même rigueur que j’applique à l’animation : il y a un vrai travail d’enquête, de recherche, de réécriture… et surtout, beaucoup de pratique. La version 1 du texte ne ressemble jamais à la version finale. Et même si tout est préparé, il faut toujours garder une marge pour l’imprévu… parce que le direct, c’est aussi ça : savoir improviser avec justesse quand le moment l’exige. »
Ce qui te fait vibrer le plus dans ton travail de chef de bureau du UNHCR Canada?
Joey :
« C’est d’avoir trouvé un poste à l’intersection parfaite de mes compétences, de mes passions et de mon engagement. Le matin, je réponds aux médias pour éclairer les enjeux humanitaires mondiaux. L’après-midi, je collabore avec les gouvernements pour améliorer les politiques d’accueil des réfugiés. Et le soir, j’enseigne à la prochaine génération de juristes les fondements du droit de l’immigration. Chaque journée est différente, mais toutes ont un fil conducteur : contribuer à bâtir un monde plus juste, plus accueillant et plus solidaire. »
Un moment marquant de ton parcours professionnel?
Joey :
« Si je devais en choisir un, ce serait le jour où j’ai plaidé un dossier avec un bébé dans les bras!
Ma cliente devait témoigner sur son identité, et je lui avais recommandé de venir accompagnée par quelqu’un de confiance pour s’occuper de son enfant pendant l’audience. Mais, nouvellement arrivée au pays, elle n’avait aucun réseau et s’est présentée seule avec son bébé. La voyant inconfortable dans le box, j’ai simplement tendu les bras et dit : “Donnez-moi votre enfant”. J’ai accroché sa suce à mon rabat et, tout en berçant sa fille, j’ai introduit les pièces en preuve. Ce moment illustrait parfaitement ce que représentait notre travail à l’aide juridique : s’adapter, faire preuve d’humanité et trouver des solutions pour que la justice reste accessible, même dans les situations les plus imprévues! »
C’est quoi, ta cause, Joey?
Joey :
« Ma cause, c’est la protection des réfugiés et des personnes déplacées de force. Aujourd’hui, 117 millions d’êtres humains sont contraints de fuir leur foyer à cause des guerres, des conflits et des persécutions. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui n’ont rien choisi, mais que la vie oblige à tout abandonner : famille, maison, souvenirs, identité. Cette réalité me touche profondément, car ma propre famille a dû fuir la Syrie. C’est en pensant à ces millions de vies bouleversées que j’ai accepté mon rôle au HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Parce que ZSA offre de verser le cachet du maître de cérémonie à la cause de mon choix, j’ai demandé qu’il soit transformé en don au HCR. Ce geste permettra de financer des actions vitales : offrir un abri, de la nourriture, de l’eau, des soins, une identité et protéger les droits fondamentaux de celles et ceux qui ont tout perdu. Pour moi, ce n’est pas qu’un cachet : c’est une opportunité de changer des vies.»
Au globe-trotter en toi : ton plus beau souvenir de mission?
Joey :
« J’ai passé près de trois mois en mission au Moyen-Orient cette année – Jordanie, Liban, et surtout en Syrie. Cette mission avait une signification unique pour moi, à la fois personnelle et professionnelle. Il m’est difficile de choisir une seule histoire : j’ai rencontré des personnes incroyablement inspirantes, j’ai été témoin de scènes bouleversantes et j’ai traversé une gamme d’émotions qui me marquent encore aujourd’hui.
Mais s’il y a un moment gravé dans ma mémoire, c’est mon arrivée en Syrie. Après des années de sanctions internationales, j’étais parmi les premiers passagers à survoler à nouveau les cieux syriens, aux côtés de centaines de Syriens qui rentraient chez eux après des années de guerre. La fébrilité de ce vol, la vue de Damas – une ville où j’ai tant de souvenirs –, et l’arrivée émotive à l’aéroport m’ont profondément marqué. Revenir dans ce pays, quinze ans après ma dernière visite en 2010, dans un contexte si différent, a été un choc et un rappel puissant de pourquoi je fais ce métier : pour protéger ceux qui n’ont pas eu le choix de fuir.»
Un maître de cérémonie… et un messager d’humanité
Comme en 2023, Joey Hanna sera de retour en 2025 pour donner vie à cette soirée biennale qui reconnaît l’excellence et l’impact des conseillers juridiques au Québec.
Pour ZSA Québec, son retour allait de soi. Pour Joey, l’invitation était impossible à refuser.
Son humour, sa rigueur, son humanité et son engagement envers la protection des réfugiés font de lui un maître de cérémonie unique — un pont entre le droit, la solidarité et l’action humanitaire.
Le Gala des PCJQ 2025 promet une soirée marquante, vibrante et profondément humaine. Joey y apportera encore une fois sa touche incomparable