Faisons parler les leaders: « Hubert Sibre »

Faisons parler les leaders: « Hubert Sibre »

16 décembre, 2015

Me Sibre exerce le droit principalement dans les domaines des sûretés, du litige commercial et de la restructuration en plus d’avoir piloté plusieurs projets majeurs dans les domaines de l’immobilier et des infrastructures. Sa liste de clients comprend tous les types d’entreprises ayant à gérer des situations à haut risque. Me Sibre a été conseiller juridique auprès de la Banque Nationale du Canada et GMAC. Il est l’auteur et le co-auteur de plusieurs livres et articles portant sur la restructuration, l’insolvabilité, le crédit et la procédure civile. Me Sibre a reçu en 2008 le Prix Arista du jeune professionnel de l’année et a été désigné comme l’une des « étoiles montantes » chez les avocats de moins de 40 ans par Lexpert en 2009 (2009 Lexpert® Rising Stars: Leading Lawyers Under 40). Il a été reconnu comme étant l’un des « 40 under 40 » de l’élite mondiale de l’insolvabilité par le Global Restructuring and Insolvency Review. Il a été placé en 2010 sur la liste canadienne « Des plaideurs à surveiller » par Lexpert et en 2015 reconnu comme l’un des meilleurs avocats de litige au Canada par le « Legal 500 ».
Me Sibre agit fréquemment comme conférencier auprès d’institutions académiques. Il a enseigné les sûretés à l’École du Barreau, où il a contribué au curriculum en matière de faillite. Me Sibre est aussi fréquemment invité comme conférencier par des organismes tels que l’Institut Canadien, Insight, ACPIR, Profil Crédit, FCIB, Equifax, NACM, le International Bar Association et bien d’autres, tant au Canada qu’aux États-Unis, pour y traiter de questions liées à l’insolvabilité et au crédit. Il est membre du barreau depuis 1993.

Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier/profession?
En fait, tout le monde me disait que je devais être avocat! Cela dit, je ne savais pas trop ce que cela impliquait. Je savais cependant que ça ouvrait bien des portes. Venant d’un milieu modeste où personne n’était avocat, j’ai été le premier de la famille à obtenir un diplôme universitaire.
J’ai certainement aimé étudier le droit, mais je suis vraiment « tombé en amour » avec cette profession lorsque j’ai commencé à le pratiquer. Je pensais à priori m’orienter vers le droit des affaires, mais j’y ai préféré le litige lorsque j’y ai goûté. Le litige, en effet, cadrait mieux avec ma personnalité : j’aimais le fait de devoir descendre dans les tranchées et de livrer une bataille très stratégique pour assurer la défense des droits de mes clients.
J’ai été chanceux d’évoluer dans un environnement en pleine ébullition et de développer une pratique où les défis intellectuels sont constamment renouvelés et où la recherche de solutions pratiques m’appelle à me dépasser tant sur le plan créatif que stratégique; J’aime travailler en équipe, et trouve particulièrement motivant  de voir que les efforts déployés ont des impacts directs et importants pour des petites, moyennes et grandes entreprises d’ici, ainsi que pour les gens qui les composent.

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?
Dans les vingt dernières années et surtout dans les cinq ou six dernières, l’exercice de ce métier (surtout en pratique privée) s’est fondamentalement transformé et continue de s’adapter à une réalité économique en pleine mutation. On a qu’à penser au fait que nous faisons maintenant partie de DLA Piper avec 4 500 avocats dans 35 pays à travers la planète. L’offre des services juridiques s’adapte à la mondialisation des marchés et des entreprises. Cela exige un effort constant pour réinventer comment on pratique et comment on développe notre clientèle. L’omniprésence des communications est à la fois un avantage et un défi, car il faut savoir trouver l’équilibre entre répondre efficacement aux attentes et en même temps ne pas se perdre dans ce tourbillon.
Mon plus grand défi a probablement été de  ‘porter à bout de bras’ le dossier de Richard c. Time. Ce dossier, je l’ai supporté pendant treize ans, jusqu’en Cour suprême. Nous poursuivions, au nom de notre client, Time Magazine au motif que Time avait faussement représenté, via un document fort ambigü, à notre client qu’il avait gagné un concours.
J’ai eu, dans ce dossier, droit à tout : après une requête en rejet refusée, j’ai gagné en Cour supérieure, perdu en Cour d’appel et obtenu gain de cause en Cour suprême. Il s’agissait du premier dossier de ce genre dans le monde qui allait à procès. La Cour a convenu que Time avait volontairement rédigé ce document pour donner à notre client la fausse impression qu’il avait gagné. Nous avons obtenu des dommages punitifs et les honoraires avocats-clients. 
J’ai investi beaucoup de temps dans ce dossier au fil des ans, et il n’était pas toujours facile de supporter la cause sans honoraires, et ce, jusqu’à ce que la Cour suprême accorde un certain montant. C’était pour moi une question de principe. Je me considère très chanceux d’avoir la carrière et la vie que j’ai, et considère nécessaire de parfois redonner un peu.

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Dans ce grand tumulte des communications instantanées et des attentes élevées de performance, plusieurs oublient les règles les plus élémentaires de civilité. En effet, certains collègues oublient parfois malheureusement que, comme juristes, nous avons l’obligation de simplifier les défis au lieu de les complexifier. C’est pourtant normalement en simplifiant des questions complexes que nous trouvons des solutions efficaces et pratiques aux problèmes posés.
Il existe, heureusement et de façon très encourageante, une tendance vers un retour à une collaboration plus étroite entre les tribunaux et les plaideurs, tant compte tenu des règles de droit et principes énoncés dans de nombreuses décisions que vu un souci d’efficacité administrative de notre système judiciaire.

La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Je crois que les gens critiquent facilement les avocats, mais qu’ils sont bien heureux d’en avoir un quand ils en ont besoin!, dit-il en riant.
Je suis de ceux qui ont une grande estime envers notre magistrature et qui pensent que les avocats accomplissent quelque chose de fondamental dans notre société. Ceci étant et en réponse à la question, mon impression est, que la perception du public envers la profession est moins bonne qu’auparavant. Pour ne pas alimenter les préjugés et pour combattre cette perception parfois négative, le Barreau doit agir envers les membres du Barreau qui ont des comportements inacceptables ou manquent d’éthique, et les membres du Barreau doivent eux-mêmes se comporter de façon exemplaire. La confiance dans le système judiciaire est une pierre angulaire de la démocratie. À défaut, le cynisme se développe…et du cynisme, il y en a certainement actuellement. Il est donc essentiel de tous contribuer à notre façon, et de faire en sorte d’améliorer la confiance envers ce que j’appellerais la ‘mécanique de la démocratie’.  

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir en pratique privée? Quelle est la recette du succès?
Au-delà de l’apprentissage du droit, il ne faut surtout pas négliger le développement de compétences en matière de relations interpersonnelles et de psychologie humaine. Elles aident à développer un bon jugement et à bien comprendre les facteurs humains impliqués pour être en mesure de négocier ou de trouver des solutions durables et respectueuses pour les parties impliquées. Derrière toute entreprise et toute situation existent les émotions des parties impliquées, qui s’expriment souvent maladroitement, il est vrai.
Les études dans d’autres domaines que le droit, particulièrement en psychologie, et surtout l’implication sociale au sein de différentes organisations, caritatives ou autres, sont des moyens extrêmement efficaces pour bâtir ces compétences interpersonnelles et peaufiner son jugement sur la nature humaine.
Quant à la ‘recette du succès’, je suis d’avis qu’il n’y a simplement pas de truc. La profession exige beaucoup d’énergie, et une énergie qui doit être déployée tous les jours. Cela dit, à chacun son style!
En vrac…

  • Les derniers bons livres qu’il a lus…sont ceux de Jean-Christopher Ruffin : « Mortelle randonnée », « Le collier rouge » et « Check point ».
  • Le dernier bon film qu’il a vu : sans hésitation, « Incendies » de Denis Villeneuve.
  • Sa chanson fétiche : « Calling you » de Jevetta Steele (film Bagdad Café)… il l’a même déjà chanté « a capella » dans un show amateur!
  • Une expression qu’on lui connaît: Au début de sa carrière, lors d’une plaidoirie, il a commencé une phrase par « pour être honnête… ». Le juge l’avait souligné respectueusement et …en souriant! C’est par la suite devenu un « running gag » qu’il a répété à de nombreuses reprises de façon sarcastique à des juges devant qui il a eu l’occasion de plaider à plusieurs reprises.
  • Son péché mignon : la bonne cuisine!
  • Son restaurant préféré : Liverpool House de David McMillan (Rue Notre-Dame Ouest)
  • Un pays qu’il a beaucoup aimé : La Turquie
  • Le personnage historique qu’il admire le plus: Abraham Lincoln, pour ses valeurs et sa résilience devant tous les obstacles que la vie lui a présentés.

S’il n’était pas avocat, il serait…Architecte. Pour bâtir mieux, beau et au bénéfice des générations à venir.


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