Faisons parler les leaders – Olivier Chouc

Faisons parler les leaders – Olivier Chouc

29 January, 2013

Cette semaine, Dominique Tardif rencontre Me Olivier Chouc, vice-président adjoint, avocat général et associé directeur de CN, qui nous parle de sa carrière et de ses grands défis.

Me Olivier Chouc est vice-président adjoint, avocat général et associé directeur de CN depuis 2006.

Pourquoi avez-vous décidé d’être avocat?
Le droit était loin d’être une évidence pour moi au départ. Au cégep, je m’orientais vers la médecine. Ma mère était infirmière, et j’ai donc passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, et même en salles d’opération, à l’accompagner.  Ça me fascinait.
Puis, j’ai commencé à m’intéresser au droit : un professeur d’histoire au cégep, qui était avocat de formation et avec qui j’avais une bonne relation et des discussions à ce sujet, a certainement eu une influence. J’ai réalisé que j’avais un intérêt pour ce genre de formation, mais j’hésitais encore. J’ai fait un an en histoire du Moyen-Âge – j’ai adoré, tout en sachant que la plupart des gens deviennent enseignants, ce à quoi je ne tenais pas. L’histoire est donc restée une passion, et je suis allé vers ce qui constituait à l’époque mon second choix, le droit.
…Et je me suis découvert une nouvelle passion! C’était facile pour moi, ça me venait naturellement. J’ai envisagé le droit criminel au début, et j’ai observé travailler un avocat aujourd’hui assez connu dans le domaine, pour finalement en conclure qu’il ne s’agissait pas vraiment du genre de vie et de clientèle qui me convenait. J’aimais le droit civil et suis allé dans cette direction. Après, il n’y a plus vraiment eu de questionnement.  À la fin de ma première année, j’ai eu une offre d’Ogilvy pour y travailler comme étudiant et stagiaire, et j’ai quitté pour me joindre à eux à Montréal.

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face?
Quant je suis arrivé au CN, j’ai certainement travaillé sur d’importants dossiers de fond, dont plusieurs ont été de grands défis sur le plan technique.
Mais le plus grand défi professionnel est ailleurs: je me suis joint au CN en 2000, après la privatisation, et il y avait encore à l’époque des relents de Société de la Couronne. Le contentieux n’échappait pas à la règle. Mon plus grand défi a donc été un défi de gestion et de renouvellement de l’équipe. Il fallait changer les mœurs, redéfinir la valeur ajoutée par les services juridiques et la perception que les clients internes avaient de leur contentieux. Nous engageons en général des gens qui viennent de cabinets, ou encore qui viennent de contentieux et qui ont travaillé en cabinet. Ce sont des gens qui savent très bien ce qu’est un client, et qui traitent leurs clients internes avec la même célérité, le même respect et la même diligence qu’ils ne le feraient avec leurs clients externes. Ce sont des gens qui sont en mesure de porter un  jugement sur le fond et sur le droit substantif, et qui ne s’en tiennent pas à gérer les frais et les ressources externes.

Quels sont selon vous les changements à anticiper au cours des années à venir quant à l’exercice de la profession en entreprise?
Quand je parle avec mes collègues, la plupart des gens identifient les règles de gouvernance comme étant le défi le plus important. Je suis plus ou moins d’accord : c’est un défi, mais c’est un défi technique comme on en a vu d’autres avant. La profession change, et on s’y adaptera.
Le plus gros défi du moment, et où j’aimerais voir du changement, c’est dans la redéfinition de la valeur ajoutée des services juridiques, et dans le prix qu’on paie pour ces services. Cela vaut autant à l’interne qu’à l’externe.
Quant à l’interne, il faut développer des équipes qui sont en mesure de faire le travail de fond. Je reconnais évidemment le besoin d’avoir des avocats à l’externe, mais je crois aussi dans le fait d’avoir à l’interne des gens qui ont une bonne maîtrise des concepts commerciaux et une connaissance de l’entreprise qui dépasse les strictes compétences techniques.
Quant à l’externe, il sera intéressant de voir si l’impact de la récession sera simplement temporaire – ou non.  On dit souvent qu’il faut payer pour ce que le service qu’on achète vaut. Dans notre domaine, c’est un peu différent, et les concepts sont bien ancrés. Le prix qu’on paie pour les services n’est pas toujours proportionnel à la valeur apportée par les services qui sont rendus. On travaille à changer les choses, comme il y a énormément de pression sur les entreprises pour réduire les coûts en augmentant les services. Et on fait face à beaucoup de résistance. Cela dit, nos partenaires comprennent; les cabinets les plus ‘intelligents’ sont ceux qui sont ouverts et savent que les choses passent par des modèles alternatifs de facturation, par un meilleur contrôle des équipes mises en place pour travailler sur des dossiers, etc.  On essaie par exemple de faire ce qu’on appelle le commodity work à l’interne le plus possible. On envoie aussi ce même type de travail à l’externe, mais il n’y a pas de raison de payer une prime pour quelque chose qui ne requiert pas de travail sophistiqué sur le plan technique, à mon avis. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions sur le prix payé.
Il faut en fait s’assurer que les bonnes personnes font du travail de qualité au bon prix. Ça semble simple, mais ça ne l’est pas toujours autant qu’il n’y paraît.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière?

Beaucoup de gens sont intéressés à pratiquer en entreprise. Je crois cependant qu’il est une erreur de commencer sa pratique en entreprise, et pour plusieurs raisons.  Le contentieux a souvent peu de temps à consacrer au développement de jeunes ressources; c’est malheureux, mais c’est la réalité. Je crois que l’encadrement n’est pas optimal au départ en entreprise, mais que cela change après quelques années, une fois de bonnes bases acquises. Je crois que le cabinet est un meilleur incubateur pour acquérir des compétences techniques, alors que l’entreprise offre ensuite aux avocats quelque chose qu’ils ne pourront trouver ailleurs: des bases commerciales et une connaissance de l’entreprise. Je crois qu’on leur permet alors de devenir autre chose que ce qu’ils seraient devenus en cabinet – et mon commentaire ne se veut pas négatif : il s’agit de deux cheminements différents.
J’encourage les cabinets à créer, pour leurs jeunes avocats de 4-5 ans d’expérience ou plus, des opportunités d’entrer en contact avec le milieu des affaires, que ce soit par le biais d’une assignation temporaire chez un client ou d’une autre formule. Il y a un nombre surprenant d’avocats qui livrent un produit technique d’excellente qualité, mais qui ont peu de considération pour la réalité de l’entreprise – auquel cas leur travail ne vaut rien pour nous. Aller chercher de l’expérience concrète et comprendre les différents niveaux de tolérance au risque et le fonctionnement d’une entreprise est un véritable atout.

En vrac…
Il est à lire
« Last Night in Twisted River » de John Irving, qu’il décrit comme étant à la fois amusant et  porteur d’un regard incisif sur la société américaine.
Dernier bon film qu’il a vu
« Avatar» (Réalisateur : James Cameron)
Restaurant préféré
Un inconditionnel du restaurant Da Emma (sur la rue de la Commune, à Montréal)
Pays où il aimerait retourner
La Tunisie
S’il n’était pas avocat, il serait…
Gardien de but! (pas étonnant, considérant qu’il trouve le temps de jouer au hockey 2 fois par semaine!)

Bio
Olivier Chouc est diplômé de la Faculté de droit de l’Université Laval, il a été admis au Barreau du Québec en 1991. Il a quitté la pratique privée en 1998 après sept ans chez Ogilvy Renault, pour se joindre à l’équipe juridique d’Abitibi-Consolidated (Donohue inc.). En 2000, il s’est joint aux Affaires juridiques du CN afin d’appuyer les dossiers d’immobilier, de gestion des approvisionnements et de transactions. Il est ensuite devenu avocat principal, assumant des responsabilités croissantes dans le domaine des fusions et acquisitions, pour finalement prendre en charge la direction du groupe chargé des fusions et des acquisitions.
En 2005, Me Chouc a été classé par le National Post parmi les 40 meilleurs avocats d’entreprise âgés de moins de 40 ans au Canada.
Me Chouc s’implique auprès d’organismes caritatifs, dont la Fondation Marie-Vincent, The Ted Nolan Foundation et la Fondation Enfants-Retour. Ayant terminé un mandat de deux ans à titre de coprésident de la Caisse de bienfaisance du CN, il en est actuellement le président du conseil.


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