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Faisons parler les leaders – Faire du droit sans son aspect litigieux

6 May, 2015

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Gérard Guay, président de la Chambre des notaires du Québec…
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé de faire le droit plutôt que de choisir un autre métier ? Pourquoi le droit, et pourquoi être devenu avocat et avoir ensuite changé vers le notariat ? 
Le droit était un domaine qui m’attirait : la relation d’aide qui existe dans ce métier y a toujours été pour quelque chose, comme c’est un élément important pour moi.
Pratiquer comme avocat en région, comme je le faisais à l’époque, impliquait de faire du litige. Or, j’aime aider les gens dans un climat d’entente plutôt qu’un environnement conflictuel, et je ne me plaisais donc pas tout à fait dans mes fonctions. Avec le notariat, j’ai découvert que l’on peut faire du droit sans son aspect litigieux. Je ne regrette cependant rien de mes premières années : être avocat m’a donné une bonne formation et m’a permis de bien connaître les tribunaux, ce qui est certainement un atout dans ma pratique actuelle.
2. Quels sont les plus grands défis professionnels auxquels vous avez fait face au cours de votre carrière ?
Mon premier grand défi fut de plaider, après un an de pratique, devant la Cour suprême du Canada. Il s’agissait d’un renvoi en Cour suprême pour une permission d’appeler, et d’un dossier qu’on m’avait demandé de piloter à partir de la Cour d’appel. Je plaidais contre un avocat devenu par la suite juge à la Cour supérieure. Ce fut toute une expérience que de plaider devant ces juges, que j’estimais évidemment énormément, et cela m’a beaucoup motivé.
Un autre de mes défis de carrière fut, peu après que je sois devenu notaire, de donner une formation sur le mandat d’inaptitude via les cours de perfectionnement du notariat. Il s’agissait à l’époque d’un sujet que les gens ne connaissaient que très peu, et cela impliquait de parler devant 1500 notaires ! Je me suis dit que si j’avais pu aller en Cour suprême, je pouvais également donner cette formation et réaliser ce défi !
La suite de ma carrière s’est poursuivie de cette façon, soit en tentant chaque fois de viser l’excellence et en sachant que lorsqu’on fait bien ce qu’il nous est donné de faire, d’autres défis viendront !
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit ? 
Si j’avais une baguette magique, j’améliorerais l’accès à la justice et je ferais en sorte qu’il existe une assurance juridique qui aurait un rôle équivalent à ce dont les citoyens bénéficient en matière de santé au pays. En effet, mon objectif serait de faire en sorte que les gens paient un montant minime ou moindre, afin de garantir un accès à l’information, même en l’absence de moyens.
4. La perception du public envers la profession et les notaires en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis ? 
La perception était et est toujours très bonne à mon avis: les notaires ont bonne réputation aux yeux de la population, et nous faisons en sorte que cette bonne perception demeure. Bien sûr, certaines choses ont changé : autrefois, les gens avaient ‘leur’ notaire, au même titre qu’ils avaient leur médecin et leur dentiste. Aujourd’hui, la relation d’attachement est parfois moins grande. Je me garde cependant ici de généraliser, comme il existe encore un bassin de clients très fidèles à leur notaire.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant avoir du succès comme notaire ? 
Le premier élément à considérer est le service à la clientèle. En effet, bien servir son client est essentiel, comme le client ira consulter celle ou celui auprès de qui il se sent en confiance. Deuxièmement, il faut savoir s’ouvrir à de nouveaux domaines de droit, en développant ses compétences.
Enfin, il faut aussi savoir explorer les possibilités qui peuvent exister en dehors de la pratique traditionnelle du notariat, qu’il s’agisse de postes en entreprise, auprès d’institutions ou d’autres organisations. Des avenues porteuses de très belles carrières peuvent se présenter.
En vrac…
• Le dernier bon livre qu’il a lu – Les Émois d’un marchand de café (auteur : Yves Beauchemin).
• Ses chansons préférées – Deux classiques qui nous rappellent l’importance de la vie et des choses simples: « Fais comme l’oiseau » de Michel Fugain et « Si fragile » de Luc De Larochelière.
• La musique qu’il écoute – Le « smooth » jazz, notamment celui de Lorraine Desmarais et de Stacy Kent.
Au théâtre – il a été bouleversé par « Le journal d’Anne Frank », joué au Théâtre du Nouveau Monde.
• Il croit que… « Quand on fait quelque chose, il faut bien le faire. »
• Son péché mignon – Les plaisirs de la table, incluant les bons vins et les portos !
• Son restaurant préféré – L’Europea (rue de la Montagne).
• Il aimerait… faire un safari photo en Afrique du Sud ou en Tanzanie.
• Le personnage historique qu’il admire le plus – Nelson Mandela, qui a fait tomber l’apartheid et a réussi à être à la tête de son pays après avoir tant vécu.
• S’il n’était pas notaire, il serait…dans une profession où l’on peut aider les gens !

Me Gérard Guay fut élu président de la Chambre des notaires le 10 avril 2014 au suffrage universel des notaires du Québec. Il est détenteur d’un baccalauréat en droit et d’un diplôme de droit notarial de l’Université de Sherbrooke. Me Guay est âgé de 55 ans. Il est notaire depuis le 2 juillet 1987 et pratique à Drummondville, au sein de sa propre étude depuis 1993. Il fut auparavant avocat de 1982 à 1987.
Faits saillants
• Il est récipiendaire de la médaille d’honneur de la Chambre des notaires (2013) pour sa contribution exceptionnelle à la profession notariale.
• Il est lauréat de la médaille de l’Union internationale du notariat (UINL).
• Il fut président du comité de législation de la Chambre des notaires de 2011 à 2014.
• Il est chargé de cours au programme de diplôme en droit notarial de l’Université de Montréal depuis 1995.
• Il est président et formateur de l’Académie Jurispratique, qui dispense des formations juridiques aux notaires depuis 2003.
• Il fut président du Réseau Notarial plus de 2008 à 2013.
• Il fut membre et secrétaire du conseil d’administration de la Corporation informatique des services notariaux. (CISN) de 2008 à 2014 et a participé à la stratégie de développement de Para-Maître.
• Il est conseiller de la Chambre des notaires en matière de droit des personnes inaptes et de procédure civile et a souvent participé à la rédaction de mémoires et à sa présentation en commission