Cette semaine, Dominique Tardif rencontre Me France Charlebois. La chef des services juridiques de Rona lui confie sa vision de la profession.
Me France Charlebois occupe le poste de secrétaire corporatif et chef des services juridiques chez RONA.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé de faire le droit?
Je m’en allais en comptabilité!, dit-elle en riant.
J’avais fait mes sciences administratives au Cégep et j’étais inscrite au HEC.
Mais j’ai ‘repensé à mon affaire’ et, à la dernière minute, j’ai fait mon inscription en droit. Une fois en droit, je ne me suis plus reposé la question : c’était une évidence!
J’ai à l’époque fait le notariat, qui était plus populaire qu’aujourd’hui. Et je n’ai jamais regretté mon cours : c’est une belle formation. Je suis devenue avocate dix ans plus tard.
J’aimais beaucoup négocier, et je voulais avoir plus d’opportunités de le faire.
Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
C’est à l’époque de ma transition de notaire à avocate.
Je suis entrée chez Rona en finissant mon stage (soit le stage de formation professionnelle du Barreau du Québec).
J’étais habituée à faire seulement de l’immobilier comme notaire et, en arrivant chez Rona, j’ai aussi fait du litige, de la rédaction de contrats, etc. – et j’étais toute seule dans le département à ce moment.
Et le plus grand défi de vos derniers 19 ans chez Rona?
Le premier appel public à l’épargne, en 2002, a été le grand moment.
C’est toute une transition que de passer d’une compagnie de marchands à une compagnie publique.
Ça prend plus d’organisation : il y a tout d’un coup plus de comptes à rendre, des règles et de nouvelles exigences.
Ça a évidemment changé beaucoup de choses dans l’entreprise sur le plan corporatif, et ça a impliqué l’établissement de comités et de relations avec la Bourse, l’AMF, etc.
Ça change ta vie professionnelle, ce genre de choses, et ça amène plus de travail à un moment où toute la structure n’est pas encore en place. Et on a bâti tout ça!
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Je pense que la perception de la population n’est pas pire qu’avant, mais qu’elle est stable, et qu’elle ne s’améliore pas.
Quelqu’un m’a même dit récemment que les avocats étaient considérés comme des menteurs.
Oui, les avocats sont peut-être de ‘beaux parleurs’, mais des menteurs par contre, non.
Ça montre à quel point la perception des avocats n’est pas positive.
En entreprise, je crois qu’on a fait des pas, et que c’est mieux qu’avant.
Mais que très souvent, les avocats sont encore considérés comme les exécutants du dossier, plutôt que comme ‘le moteur des choses’.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière? Comment fait-on pour réussir, comme vous?
D’abord, il faut se rappeler qu’en entreprise, on ne veut pas de longues opinions juridiques, mais qu’on veut plutôt savoir comment on va s’organiser pour faire en sorte que la transaction se passe ou qu’on se sorte d’une mauvaise situation.
Les jeunes doivent développer leur sens des affaires – moi-même, je ne l’avais pas toujours au début. Mais ça s’acquiert.
On apprend le droit à l’université, mais la pratique est autre chose et va au-delà du droit.
Il faut laisser faire ‘les avocasseries’! L’avocat doit savoir s’intégrer au plan d’affaires de l’entreprise. Il doit être business – et s’il ne l’est pas, rapidement il ne sera plus là.
Je crois aussi que l’intelligence émotionnelle est une grande qualité, et que les relations humaines sont très importantes.
Ta capacité à t’adapter, à avoir de bonnes relations avec les clients et à t’ajuster à ton client, que tu soies en cabinet ou en entreprise, est capitale.
Il est important de savoir bien passer ses messages, de savoir comment amener ses idées.
Le côté humain est plus important aujourd’hui qu’avant – je crois que c’est la clé, en fait.
En vrac…
Derniers bons livres qu’elle a lus pour se détendre : La série « Millenium », écrit par Stieg Larsson.
Dernier bon film qu’elle a vu« Avatar », dont elle a beaucoup aimé le côté cinématographique (Réalisateur : James Cameron).
Son restaurant préféré Le Ferreira Café (rue Peel).
Le pays où elle retournerait n’importe quand L’Italie
Si elle n’était pas avocate, elle ne serait ni notaire ni comptable, mais choisirait plutôt, à bien y penser aujourd’hui, médecin! ‘Parce qu’en vieillissant’, explique-t-elle, ‘le côté humain devient plus important, et que la médecine implique toute cette question d’aider les gens’.
Bio
Me France Charlebois occupe le poste de secrétaire corporatif et chef des services juridiques chez RONA inc. depuis novembre 2001. Elle est responsable du secrétariat de la Compagnie et de l’ensemble des services juridiques.
Me Charlebois a fait son entrée chez RONA en 1991 à titre de directeur des services juridiques.
Avant de se joindre à RONA, Me Charlebois occupait un poste de conseiller juridique chez Domtar inc.
Elle a également occupé un poste de notaire au sein du cabinet Rivet et Hogue.
Me Charlebois est membre du conseil d’administration de la Fondation ÉPIC, de l’Institut de cardiologie du Québec et membre du comité de vigilance et du comité de gestion des risques de l’Institut.
Me Charlebois est diplômée en droit de l’Université de Montréal.
Elle détient aussi un diplôme en droit notarial.
Elle a complété sa formation du Barreau en 1992. Me Charlebois a remporté le prix du Conseiller juridique, service juridique de petite et moyenne taille en 2007 lors des Prix ZSA des Conseillers Juridiques du Québec.