Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Frédéric Brassard, vice-président Affaires juridiques chez Fiera Axium Infrastructure Inc.
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier?
C’est ma passion pour la politique publique qui m’a, d’abord et avant tout, attiré vers le droit. Je savais que le droit mène à tout et qu’il pouvait possiblement me conduire ailleurs, comme en journalisme ou en politique notamment, et avais le support familial pour me lancer de ce côté. Je considérais qu’il s’agissait là d’une bonne façon “d’asseoir ma perspective sur la société”, tout en me donnant des outils concrets pour m’y tailler une place. Le droit, en ce sens, a effectivement rencontré mes attentes.
J’ai par la suite constaté, notamment dans le contexte du MBA, la plus-value de la formation juridique comme formation de base permettant d’acquérir non seulement des compétences tangibles comme la rigueur et la discipline, mais aussi une meilleure compréhension de la façon dont la société fonctionne dans son ensemble.
J’ai pu par la suite trouver un emploi qui me permette de canaliser mes principaux intérêts en travaillant dans le domaine des investissements en infrastructure. Cela me permet, en effet, de mettre de l’avant mon intérêt pour la politique publique, comme les politiciens sont ceux qui déterminent les financements associés à ce type de projets, mais aussi de mettre en pratique mes connaissances en droit et en affaires.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière jusqu’ici?
Le plus grand défi, c’est ici, chez Fiera Axium Infrastructure, que je le vis. En joignant l’équipe, l’objectif était de contribuer à faire de l’entreprise un gestionnaire de premier plan à l’échelle canadienne. Cela accompli, le défi est aujourd’hui d’amener l’entreprise à devenir également un gestionnaire d’infrastructures d’importance sur la scène internationale.
Passer d’un environnement canadien, pour lequel les paramètres sont plus confortables puisque mieux connus, vers un environnement américain et éventuellement européen en ayant pour but d’y développer la même aisance, c’est tout un défi! Qu’on pense simplement à la façon dont la réglementation s’applique quant à la façon de lever des capitaux, ou encore à la manière dont sont régis les appels d’offres à l’étranger: les choses sont très différentes et il faut savoir s’y adapter pour pouvoir démontrer l’expertise canadienne dans le domaine.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, j’élargirais la formation universitaire juridique pour y inclure d’autres dimensions. Je pense notamment aux excellents cours de faillite, donnés par des professionnels de finance et de droit, que j’ai eus à New York University. Certaines universités américaines, dont l’University of Pensylvania, offrent aussi des cours chapeautés par la faculté de droit et faisant appel à la contribution des départements de finance, d’ingénierie et de politiques publiques.
Des formations multidisciplinaires de la sorte, qui sont suivies par différents types de professionnels, sont fort utiles et ont l’avantage d’aborder les questions d’une façon plus pratique et davantage collée à la réalité du milieu. Ce sont des formations qui, à mon avis, apportent une réelle valeur ajoutée, notamment pour les domaines de l’infrastructure, des investissements ou de la faillite, mais probablement aussi pour plusieurs autres.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Je ne crois certainement pas que la perception soit pire qu’à mes débuts. Au-delà des perceptions, il est à mon avis important de mettre l’accent sur les réalisations tangibles des avocats, à savoir sur l’impact considérable qu’ils ont sur la société canadienne et internationale. Il suffit de penser à Beverley McLachlin, Louise Arbour, Mike Wiseman ou André Bourbonnais, qui sont reconnus tant ici qu’ailleurs dans le monde comme des sources de référence et d’autorité, pour constater que l’influence des avocats dans la société canadienne aujourd’hui est certainement aussi importante, sinon plus, que par le passé.
Il est important de s’attarder à la contribution positive que les juristes ont sur le terrain, plutôt qu’à ceux dont le comportement serait de nature à ternir la réputation de la profession. Je crois qu’il y a beaucoup, dans ces réalisations, pour inspirer les professionnels et les étudiants qui pensent à la façon dont leur carrière pourra les amener le plus loin possible.
5. Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir en droit?
J’en ai trois :
D’abord, poursuis ta passion : trouve le secteur qui te correspond le mieux.
Trouve, tôt dans ta carrière, des gens qui agiront comme mentor pour toi. Il est important de miser sur quelqu’un en qui tu peux avoir confiance, qui sera exigeant envers toi mais qui te montrera aussi les trucs du métier, pour te permettre d’évoluer.
Investis-toi : Pour que les autres investissent sur toi, tu dois aussi être prêt à t’investir, qu’il s’agisse d’ajouter à ton parcours académique ou de mettre tous les efforts voulus à la réussite de ton objectif. Les avocats qui performent sont ceux qui ont mis le temps et les efforts requis pour devenir excellents. Il n’y a tout simplement pas de substitut à l’investissement de temps, à la rigueur et à l’intensité du travail. Cela dit, il ne s’agit pas d’investir du temps dans n’importe quelles circonstances, mais de le faire avec les bonnes personnes et avec ceux qui se rendront responsables du développement de notre carrière.
En vrac…
• Son livre de chevet par les temps qui courent : Western Muslims and the future of Islam (Auteur : Tariq Ramadan)
• Le dernier bon film qu’il a vu – Prisoners (Réalisateur : Denis Villeneuve)
• Sa chanson fétiche – I still haven’t found what I’m looking for (Compositeur: U2)
• Son diction préféré – ‘’À qui beaucoup est donné, beaucoup est attendu’’
• Son péché mignon…le coke diète!
• Son restaurant préféré – Europea (rue de la Montagne)
• Le pays qu’il aimerait visiter – Le Maroc
• Le personnage historique qu’il admire le plus – Nelson Mandela, pour ses convictions. Malgré ses 27 ans de prison, il a su maintenir le cap sur ses convictions profondes et a su, une fois au pouvoir, faire les compromis requis pour assurer un futur meilleur pour le pays.
• S’il n’était pas avocat, il serait… probablement journaliste!
Me Frédéric Brassard est Vice-président, Développement corporatif et Affaires juridiques chez Fiera Axium Infrastructure Inc. Il possède plus d’une décennie d’expérience dans le domaine du conseil juridique et financier en financement de projet / corporatif et en fusions & acquisitions.
Il a joint Fiera Axium Infrastructure en 2009 et assume la responsabilité primaire de l’entreprise en matière juridique en plus d’assumer des fonctions d’origination et d’exécution de transactions et de levée de fonds. À ce titre, Me Brassard a été impliqué de façon systématique dans l’ensemble des investissements complétés ainsi que dans la mise sur pied des fonds gérés par Fiera Axium Infrastructure. Me Brassard oeuvrait préalablement au sein du cabinet d’avocats Stikeman Elliott S.E.N.C.R.L., s.r.l. où il a pratiqué dans les domaines des valeurs mobilières, du financement d’entreprises, de la gouvernance corporative ainsi que des transactions de fusions et acquisitions publiques et privées. Dans la réalisation de ses mandats, il a notamment conseillé des sociétés ouvertes, des courtiers et des conseillers en valeurs quant à diverses questions liées aux valeurs mobilières; des émetteurs et des preneurs fermes dans le cadre d’appels publics à l’épargne et de placements privés; et des acheteurs et des vendeurs dans le cadre de fusions et acquisitions et de dessaisissements publics ou privés.
Il a également servi dans les Forces canadiennes (Réserve navale) à titre de Lieutenant de marine.
Me Brassard est un professionnel tant dans le domaine légal, financier que de politiques publiques, détenant des diplômes de droit civil (B.C.L.) et de droit commun (LL.B.) octroyés avec distinction par la Faculté de droit de l’Université McGill, un MBA avec spécialisation en finance octroyé par la London Business School (Londres, Royaume‐Uni) ainsi qu’une Maîtrise en politique et administration publiques avec spécialisation en économie politique (médaille d’or) octroyée par l’Université Concordia. Me Brassard est membre des Barreaux de la Province de Québec, de l’État de New York et du Commonwealth of Massachusetts.