Faisons parler les leaders – Jean H. Gagnon

Faisons parler les leaders – Jean H. Gagnon

29 January, 2013

Cette semaine, Dominique Tardif rencontre Me Jean H. Gagnon, l’avocat aux commandes juridiques du groupe de pharmacies franchisées.

Me Jean H. Gagnon est, depuis 2007, vice-président, affaires juridiques et secrétaire corporatif, du Groupe Jean Coutu (PJC) inc.
À ce titre, il assume la responsabilité de l’ensemble des activités d’ordre juridique de l’entreprise.

Pourquoi avez-vous décidé d’être avocat?

C’est par décision familiale. Ma famille avait peu de moyens. Mes parents, mes grands-parents paternels et une tante paternelle ont décidé ensemble de mettre en commun leurs efforts pour que l’un des enfants devienne un « professionnel ».
Dans ce milieu, l’on ne connaissait que quatre types de professionnels : curé, médecin, notaire et avocat.
Je n’avais pas d’intérêt pour le célibat à vie, et la profession de curé a donc rapidement été écartée. Les études en médecine étaient trop longues et ardues, puisque je devais travailler pendant mes études, et trop coûteuses pour nos moyens. Restaient donc celles d’avocat et de notaire. Je suis devenu avocat.

Un choix qui vous convenait?
Oui et non, à l’époque. J’avais une tendance pour la mécanique, et je pensais devenir chauffeur de camion. Le droit était un effort, mais je ne le regrette certainement pas!

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face?

Ce fut l’élection historique du 15 novembre 1976, quand le Parti Québécois dirigé par M. René Lévesque a pris le pouvoir pour la première fois. À l’été 1975, M. Lévesque me nommait avocat en chef du Parti Québécois. Et en avril 1976, je démarrais mon propre cabinet, seul avec deux adjointes dans un édifice du centre-ville.
Le déclenchement inattendu d’une élection générale au Québec en octobre 1976 m’a ‘pris de court’.
Pendant les 5 semaines de la campagne électorale, j’ai assumé à plein temps mes responsabilités comme avocat en chef du PQ tout en continuant à bien servir les clients de mon cabinet en démarrage.
C’était une vraie affaire de fous et, vraiment, deux emplois à temps plein! J’avais 25 ans : une chance!  Je n’étais pas en couple et je n’avais pas d’enfants : c’était donc le moment idéal.
J’avais une clientèle que je devais servir, et qui me permettait d’avoir les  revenus nécessaires pour payer les frais du bureau et le salaire des adjointes.
Je dormais au moins cinq jours par semaine à la permanence du Parti Québécois (heureusement qu’il y avait une douche!), et je faisais continuellement le trajet entre le centre-ville et l’Acadie, où étaient situés les bureaux du parti. Je garde un très bon souvenir de cette période – même si le lendemain de l’élection, j’étais hospitalisé pour une mononucléose résultant de mon épuisement!

Si vous pouviez changer quelque chose à la pratique du droit, de quoi s’agirait-il?_
Je souhaiterais que le fondement du rôle de l’avocat évolue vers celui d’un véritable expert en prévention et en règlement de différends, ce qui implique des modifications à tous les niveaux : éducation, structure et fonctionnement des cabinets d’avocats, relations avec les clients, etc.
Avec internet et les outils informatiques, l’information pure est plus facilement accessible à tous, tant en droit que dans bien d’autres domaines. La plus-value de l’avocat réside donc de plus en plus dans le fait d’apporter des solutions lors de différends, et de présenter le plus grand éventail possible de solutions, au-delà de la voie judiciaire ou de la médiation/arbitrage. Ce sont là 2-3 solutions, mais il en existe peut-être aussi une vingtaine d’autres.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière?

Mon conseil serait de consacrer les trois premières années de sa vie professionnelle à :
• Apprendre. À mon avis, le véritable apprentissage de la profession d’avocat ne se termine pas, mais commence, à la sortie de l’École du Barreau;
• Se démarquer, autant au sein de son cabinet  ou de son entreprise qu’auprès de ses clients externes ou internes, comme étant une personne de confiance toujours prête à aider;
• Livrer plus que ce que l’on promet;
• Cibler progressivement un champ de pratique ou, encore mieux, un secteur d’activité qui nous passionne, et y développer des connaissances et un réseau de contacts;
• Développer un réseau de personnes-contacts et de “guides” dans le domaine qui nous intéresse.  À mon avis, la seule sécurité à long terme d’un avocat consiste selon moi dans sa clientèle et son réseau de contacts.
Quant à ce qu’on cherche quand on embauche un avocat en entreprise, il y a évidemment certains critères très précis à respecter “sur papier”, par exemple quant aux années d’expérience et au secteur d’activités.
Quant aux critères plus subjectifs, c’est en entrevue que nous les évaluons. Je cherche notamment des gens qui “n’en mettent pas trop”, qui semblent capables d’apprendre et qui ont le goût de travailler.

En vrac…
• Dernier bon livre que vous avez lu
Pocket Peace, d’Alan Lokos
• Dernier bon film que vous avez vu
La marche de l’empereur (Réalisateur : Luc Jacquet)
• Votre cuisine préférée
Ma cuisine préférée est de loin celle de ma conjointe! En deuxième place, le restaurant Au Tournant de la Rivière, à Carignan.
• Là où il aimerait aller
En croisière en Antarctique
• S’il n’était  pas avocat, il serait…
Chauffeur de camions lourds longue distance, son rêve de jeunesse non réalisé, même s’il ne regrette aucunement d’être devenu avocat!

Bio
Me Gagnon a complété des études complémentaires dans les domaines du franchisage, des concessions, des bannières et des groupements (notamment à l’Université de Londres, Grande-Bretagne) et des études spécialisées en négociation et médiation (dont trois stages intensifs à l’Université Harvard en 1987, 1991 et 2005).
Avant de rejoindre le groupe Jean Coutu, Me Gagnon a œuvré en pratique privée comme avocat, expert accrédité en franchisage, médiateur et arbitre en matière commerciale, à son propre compte (2002 à 2007) et au sein de  Pouliot Mercure (1989 à 2002), de Desjardins Ducharme (1988 à 1989), de Gagnon Lacoste (1976 à 1988) et de Lapointe Rosenstein (1972 à 1976).
Il a reçu le « Prix Hommage 2006 pour un membre non-franchiseur » de l’Association canadienne de la franchise, le titre honorifique de « Membre d’honneur » décerné par la Fédération des réseaux européens de partenariat et de franchise (Paris, 2006), le titre honorifique « Fellow Adm.A. » décerné par l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (2005), le « Prix Hommage » du Conseil québécois de la franchise (2002) et le « Prix du Salon de la PME » (1983)…
Il est l’auteur de 17 livres et de plusieurs textes, articles, cours, sessions et séminaires portant sur le franchisage, les groupements, les relations et différends entre actionnaires ou associés, les entreprises familiales, la négociation, la médiation et l’arbitrage.
Il a prononcé de multiples conférences (autant au Québec qu’au Canada, aux États-Unis et en Europe) sur divers sujets reliés à ses domaines d’expertise (notamment le franchisage, les bannières, les alliances et le partenariat entre entreprises, la négociation, la médiation et le règlement des conflits).
Il a été éditeur en chef de la publication spécialisée « Franchise & Distribution » (1994 à 2007), chroniqueur de l’hebdomadaire « Les Affaires » (1984 à 2007) et chroniqueur du magazine « Entreprendre » (1994 à 2007).
Il a été vice-président et membre du Comité de direction de la Section de prévention et règlement des différends de la Division du Québec de l’Association du Barreau canadien (2004 à 2007), membre du conseil d’administration de l’Institut de médiation et d’arbitrage du Québec (2007), membre du Comité sur la justice participative du Barreau du Québec (2005 à 2007) et membre de la Section nationale de prévention et règlement des différends de l’Association du Barreau canadien (2005-2006).
Il a enfin siégé comme membre du conseil d’administration du Conseil du Québec de l’Association canadienne de la franchise, dont il a aussi assuré la coordination générale (2004 à 2007), du Comité du Projet national sur le droit des franchises mis sur pied par la Conférence pour l’harmonisation des lois au Canada (2002 à 2004), et du conseil d’administration du Conseil québécois de la franchise (1984 à 2001) dont il a été l’un des fondateurs et le président pendant plus de 7 ans.


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