Faisons parler les leaders – Johanne Savard

Faisons parler les leaders – Johanne Savard

29 January, 2013

Cette semaine, Dominique Tardif rencontre Me Johanne Savard, à la fois premier Ombudsman de la ville de Montréal, première femme à ce poste et premier ombudsman municipal au pays.

Ombudsman depuis 8 ans pour la ville de Montréal, Me Savard livre son regard sur ce métier qu’elle aime et qui implique de se former et d’apprendre en permanence.

Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier/profession?
Le droit est venu à moi tout naturellement. J’avais un bon sens de l’analyse et un bon esprit de synthèse, j’ai toujours « aimé les gens » et eu une tendance naturelle à vouloir aider ceux en difficulté. Et, vous confirmeraient mes amis et ma famille, j’ai un penchant naturel pour argumenter ! (Rires). Dès ma première session en droit, j’ai donc su que c’était ma place.

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Mon plus grand défi a été de prendre la décision de quitter la pratique privée. J’aimais ce que je faisais, j’avais de bonnes relations avec des clients et des dossiers forts intéressants. Cela dit, le résultat de cette difficile décision a été des plus intéressants : je suis devenue le premier Ombudsman de la Ville de Montréal à une époque où il n’y avait aucun Ombudsman municipal au Canada.
C’était vraiment une nouvelle vie pour moi, et il y avait beaucoup à faire, de la mise en place d’une structure, en passant par le recrutement et l’apprentissage plus en profondeur des modes alternatifs de règlement des conflits.
L’aspect juridique était évidemment toujours présent, mais s’ajoutait à cela un aspect encore plus humain dans les dossiers traités. Mon expérience antérieure de négociation et la rigueur apprise en grand cabinet m’ont été des outils indispensables. J’ai par ailleurs développé encore davantage d’autres habiletés, dont l’écoute et l’art de l’approche stratégique visant à amener les gens à collaborer et à repenser leur point de vue.

Si vous pouviez changer quelque chose à la pratique du droit, de quoi s’agirait-il?
Ma réponse vient en partie de ce que je fais comme Ombudsman depuis huit ans maintenant. Je crois en effet qu’il existe encore un trop grand nombre d’avocats mettant l’emphase sur les procédures judiciaires, plutôt que sur les autres méthodes existantes.
Le changement en ce sens est cela dit déjà amorcé : à titre d’exemple, le Barreau encourage les cours en médiation et modes alternatifs de résolution des conflits. Je crois qu’il faut préconiser davantage une approche visant à désamorcer le conflit plutôt qu’à l’alimenter par des procédures…sans compter que ce processus est moins long, et donc moins cher. En plus, il a le bénéfice de rendre possible l’existence d’une relation entre les parties une fois le différend écarté, ce qui est rare dans le cas d’un dossier judiciarisé qui implique un gagnant et un vaincu. Il existera toujours, bien sûr, des dossiers devant faire l’objet d’une décision par les tribunaux. Il n’en demeure pas moins qu’il existe un bénéfice à adopter, une approche qui préconise le « comment gagner la paix », plutôt que « comment gagner la guerre ».

La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Personnellement, je n’ai jamais vraiment ressenti de perception négative quant aux avocats en général. Il est vrai par contre qu’il existe des critiques sur le système, sur les coûts et quant à certains jugements que le public comprend mal à l’occasion. Leur opinion s’appuie cela dit sur ce qu’ils en lisent dans les journaux, plutôt que sur la preuve entendue. Je ne crois pas pour autant que les avocats aient mauvaise réputation, de façon générale. Le Barreau fait par ailleurs beaucoup d’interventions pour s’impliquer dans les dossiers qui risquent d’avoir un impact positif sur la perception.

Vous avez été chef de secteur chez Desjardins Ducharme, et vous supervisez du personnel encore aujourd’hui. Compte tenu de cette expérience, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière? Pour réussir, il faut quoi, à votre avis?
D’abord, il faut aimer ce qu’on fait! Et, dans tout, il faut savoir faire preuve de rigueur et d’éthique. Notre réputation et notre intégrité, comme avocats, sont nos plus grands atouts, et il ne faut jamais les mettre en péril. J’ajouterais aussi qu’il ne faut pas avoir d’idées préconçues : on ne sait souvent pas, avant de pratiquer dans un certain domaine de droit, ce qu’il en est vraiment, et il mérite de savoir garder l’esprit ouvert. Enfin, il faut constamment continuer à se former et à apprendre. Nous avons, rappelons-nous-le, le droit de changer, et de nous adapter à notre environnement.

En vrac…
Un livre qu’elle nous conseille : « Wild Swans » Auteur : Jung Chang
Un des bons films qu’elle a vus : « Awakenings » Réalisateur : Penny Marshall. Une belle illustration du savoir humain et des limites du savoir scientifique, dit-elle.
Ses restaurants préférés : Milos (Avenue du Parc), pour sa pièce grillée et les poissons qui fondent dans la bouche, et Kam Fung (dans le Quartier chinois sur la rue Saint-Urbain  ou encore à Brossard sur le Boulevard Taschereau)
Un voyage qu’elle aimerait faire : Visiter l’ile Maurice et les Seychelles, en passant par l’Afrique pour faire un safari!
vSi elle n’était pas avocate à l’Ombudsman, elle serait… probablement médecin! Cela dit, elle adore son travail et ne changerait pas!

Bio
Après avoir étudié les sciences politiques à l’Université Concordia, Me Savard obtient sa licence en droit de l’Université de Montréal. Elle est membre du Barreau du Québec et du Barreau canadien depuis 1980. Me Savard a complété diverses formations de l’École nationale d’administration publique de Montréal (ENAP) et est « Médiateur accrédité » par le Barreau du Québec, par l’Institut de Médiation et d’Arbitrage du Québec et par l’Institut d’Arbitrage et de Médiation du Canada. Me Savard a été, pendant plusieurs années, chef de secteur et membre du conseil d’administration d’un grand cabinet juridique ; membre du conseil d’administration et du comité exécutif de la plus importante association de cabinets juridiques indépendants au monde, Lex Mundi; et présidente du comité Women and the Law de cette même association. En 2003, Me Savard quitte la pratique privée du droit et devient le premier ombudsman de la Ville de Montréal. Elle offre, depuis, avec son équipe, un service de dernier recours, simple, facilement accessible et surtout gratuit, aux citoyens qui se sentent lésés par une décision de la Ville de Montréal, d’obtenir une appréciation indépendante de leur dossier. Son mandat a été renouvelé à l’unanimité par le Conseil de la Ville de Montréal, en 2007. Me Savard s’est toujours impliquée activement dans l’action communautaire. Elle a notamment siégé au conseil d’administration du Club Rotary du Vieux-Montréal dont elle fut la présidente, en 2005-2006. Me Savard fut deux fois récipiendaire du trophée Rotarien(ne) de l’année, en 2002 et en 2003, en reconnaissance de son implication soutenue dans l’action communautaire. Elle a également reçu, en 2006, le prix Paul Harris Fellow, en appréciation de son « implication tangible et significative dans la promotion de relations harmonieuses et d’une meilleure compréhension entre les peuples du monde ». En 2005, le Carrefour des Communautés lui a décerné la Médaille des arts et métiers du multiculturalisme, pour la qualité de son travail et pour son implication « dans les domaines juridiques, sociaux et du rapprochement interculturel ».


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