Dominique Tardif rencontre cette semaine l’associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson Pouliot, Louis-Michel Tremblay. Il évoque son parcours, ses choix de carrière, sa vision du métier à cœur ouvert.
S’il est associé directeur de Miller Thomspon, Me Trembaly pratique également en droit de la construction, domaine dans lequel il s’est particulièrement illustré et pour lequel il est reconnu.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier? Le choix fut-il facile ou même évident, ou encore le résultat de longues réflexions?
Dans mon cas, le choix était en fait plutôt simple: j’ai décidé, dès mes études secondaires au Collège Notre-Dame, de devenir avocat. J’aimais déjà très jeune la lecture, et principalement les romans, et étais par le hasard de mes lectures frappé par tout ce que je lisais au sujet des avocats. Tant la littérature que le cinéma et le fait d’avoir eu, jeune, l’occasion d’aller au palais de justice, m’ont éveillé et attiré vers la profession. Déjà au cégep, je cherchais s’il ne se donnait pas des cours de droit dans le profil sciences humaines!
Quel sont les plus grands défis professionnels auxquels vous avez fait face au cours de votre carrière?
Étant au cabinet depuis que j’y suis étudiant et stagiaire, je pense spontanément aux défis qui sont liés à l’évolution de Miller Thomson (à l’époque Pouliot Mercure).
Le plus important de ces défis est survenu alors que j’avais environ une dizaine d’années de pratique. À cette époque, le cabinet s’est transformé, passant d’un cabinet dont les assisses reposaient sur les fondateurs eux-mêmes, à un cabinet fondé sur la relève, la pérennité et le renouveau. Ce passage de la “phase des premiers fondateurs” vers une autre, survenait à un moment tournant de ma carrière, soit au moment de mes premières années comme jeune associé, pendant lesquelles je me suis rapidement intéressé à la “business” d’un cabinet d’avocats et impliqué dans son administration.
Le deuxième grand défi qui me vient en tête est survenu environ au même moment : j’ai participé à la création d’une affiliation qui a amené le cabinet à faire partie d’une association de cabinets d’avocats. Siégeant sur le comité de coordination, j’ai aidé avec d’autres, à faire en sorte que Pouliot Mercure s’ouvre sur le marché canadien : nous étions dorénavant affiliés à un cabinet de Vancouver, un cabinet de Calgary et un cabinet de Toronto. L’affiliation, assez structurée, a d’ailleurs duré 14 ans, soit jusqu’à la fusion. Le troisième défi a été de diriger, en tant qu’associé directeur et en collaboration avec mon collègue Pierre Paquet, les négociations qui ont mené à la fusion avec Miller Thomson en 2003.
Enfin, sur le plan juridique, un autre défi a été de m’investir simultanément dans deux domaines de droit, tout en continuant mes fonctions administratives, et d’ainsi développer une pratique en droit de la construction, d’une part, et auprès des institutions financières et sociétés de fiducie, d’autre part.
Quels sont selon vous les changements à anticiper au cours des années à venir quant à l’exercice de la profession en cabinet? Que croyez-vous qu’il sera nécessaire de faire?
Je crois que la pratique du droit impliquera, de plus en plus, de devoir faire les choses différemment et de faire des choses nouvelles pour nos clients. À mon avis, les clients auraient probablement plus de travail à nous confier si nous pouvions travailler encore plus efficacement et proposer d’autres services. Les cabinets d’ailleurs rendent déjà des services qu’ils ne fournissaient pas auparavant : certaines entreprises choisissent par exemple l’impartition, ce qui représente une opportunité nouvelle pour les cabinets. D’autres réalisent que certains services professionnels peuvent, oui, être rendus par d’autres, mais aussi par les avocats : c’est notamment le cas dans le domaine de l’insolvabilité, où l’on en fait plus qu’avant à plusieurs égards.
Dans un autre ordre d’idées, il est nécessaire de prendre conscience du défi générationnel auxquels les cabinets font face. Jusqu’à tout récemment, la cohorte des baby boomers faisait tout ou presque tout, jusqu’à en venir à accaparer le travail et la place des deux générations qui ont suivies. De par notre volonté, notre culture et aussi notre nombre, nous avons été capables de “faire beaucoup de choses, et de faire quasi toutes les choses”. Ce n’était donc évidemment pas facile pour ceux qui suivaient… Aujourd’hui cependant, les baby boomers admettent qu’ils ne peuvent plus tout faire, alors qu’en même temps les clients demandent justement à ce que d’autres, dont des plus jeunes, soient impliqués sur les dossiers. Il faudra ainsi nécessairement que des nouvelles générations émergent ceux qui seront les leaders de demain. Les défis de succession sont maintenant une priorité, et les cabinets qui trouveront ces leaders de demain seront certainement ceux qui se démarqueront.
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Je ne crois pas qu’elle ait empiré. Je crois en fait qu’à certains égards elle s’est même améliorée. Vous direz peut-être que c’est l’éternel optimiste en moi qui parle, mais j’aime par exemple à reconnaître que des groupes de citoyens exercent leurs droits devant les tribunaux, qu’il y a un plus grand nombre de recours collectifs et qu’on fasse de plus en plus appel aux services des avocats. Je ne crois donc pas que la réputation est moins bonne qu’avant, même si évidemment la profession gagnerait à se démocratiser davantage et à en faire connaître ses aspects plus positifs.
Quel conseil donneriez-vous à un avocat débutant sa carrière et voulant avoir du succès en cabinet?
Je crois que les jeunes avocats doivent contribuer de façon véritable à leur organisation. Ils doivent se rendre indispensables, et le plus rapidement possible, aux avocats qui leur confient du travail, puisque ces avocats sont en fait leurs tous premiers clients. Ils doivent savoir aller au-delà de ce qui est demandé, et demander ce qu’ils peuvent faire pour aider. Ceux que l’on voit émerger et qui se démarquent rapidement sont ceux qui ont appris ou instinctivement compris cette façon de faire les choses. Réussir en cabinet implique de “beaucoup vouloir”, de se faire connaître et de se montrer dédié à son travail.
En vrac…
• Deux bons livres qu’il a lus récemment :« La trilogie Berlinoise », de Philip Ker, et « The drop », de Michael Connelly.
• Deux bons films qu’il nous recommande : « La fille du puisatier » (Réalisateur : Daniel Auteuil) et « L’artiste » (Réalisateur : Michel Hazanavicius).
• Là où vous pourriez le croiser : chez Leméac (Rue Laurier Ouest), au Holder (rue Mc Gill) et à la pizzeria La Bottega (Rue St-Zotique).
• Il rêve d’aller à… Tahiti, Moorea et Bora Bora.
• S’il n’était pas avocat, il serait… sans doute réalisateur de films!
Me Louis-Michel Tremblay est associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson Pouliot et est un avocat spécialisé en droit de la construction, droit bancaire et des successions & fiducies. La clientèle de Me Tremblay est principalement composée de propriétaires d’usines, de sociétés d’énergie, d’entrepreneurs généraux et spécialisés, de syndicats de copropriétaires, d’institutions bancaires et financières et de sociétés de fiducie. En plus de la médiation et de l’arbitrage en droit de la construction, Me Tremblay voit à la rédaction et à la négociation de contrats de construction et de services professionnels. En outre, il dispense des conseils juridiques sur la qualification professionnelle des entrepreneurs (licence), sur les litiges relatifs à la conformité dans le cadre de processus d’appels d’offres, sur les assurances particulières applicables au domaine de la construction et les réclamations auprès d’assureurs suite à des sinistres survenus dans des chantiers de construction. Me Tremblay conseille également ses clients en matière de cautionnements de construction et de conventions d’indemnisation, d’hypothèques légales et de réclamations pour coûts non prévus engagés à l’occasion de travaux de construction. Me Tremblay fait également de la représentation devant les tribunaux de droit commun, devant les arbitres ou devant les organismes ou tribunaux administratifs, notamment la Régie du bâtiment et le commissaire de l’industrie de la construction. Me Tremblay figure dans le répertoire The Best Lawyers in Canada comme étant l’un des avocats les plus réputés dans le domaine de la construction.