Faisons parler les leaders – Mirko Bibic

Faisons parler les leaders – Mirko Bibic

15 August, 2013

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, rencontre Mirko Bibic, vice-président exécutif, chef des affaires juridiques et réglementaires de Bell et de BCE Inc.

Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir une autre profession? Le fruit du hasard, un chemin tracé depuis votre enfance ou l’aboutissement de longues réflexions?
Je ne peux dire que j’ai toujours eu l’intention de devenir avocat, que le droit était prévu de longue date ou qu’il s’inscrivait à l’intérieur d’un grand plan de carrière stratégique. Alors que j’avais fait les sciences au cégep, le domaine ne m’animait plus autant lorsqu’est venu le temps de choisir l’université : j’aimais plutôt les relations internationales, le monde des affaires, etc. J’ai donc fait des études générales à McGill, puis j’ai décidé, par après, d’écrire le LSAT et de devenir avocat. Je réalisais que le domaine comportait un aspect d’analyse qui m’intéressait, et j’avais un grand intérêt pour le droit public et administratif. J’ai donc choisi de faire mon stage à Ottawa, en partie parce que c’était l’endroit où les cabinets d’avocats nationaux faisaient le plus de droit administratif, et en partie parce que c’était à proximité de Montréal, d’où je venais. J’ai alors joint Stikeman et travaillé presqu’exclusivement en droit administratif, qu’il s’agisse de droit de la concurrence, de trade, de libre-échange, etc.

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrier?
Mon plus grand défi est survenu alors que j’étais avocat de deuxième ou troisième année. On m’avait demandé d’aider une ligne aérienne, Philippine Airlines,  quant à des aspects légaux de transport au Canada. Je devais mener le dossier, ce qui impliquait d’une part de négocier une entente notre client et Canadian Airlines. D’autre part, les deux pays impliqués devaient négocier un traité pour permettre à ces deux lignes aériennes d’offrir un service dans les deux pays.
Je me suis donc rendu à Manille, où j’ai négocié seul. Le travail impliquait de gérer les enjeux, de bien comprendre la dynamique qui existait entre les deux pays, de négocier l’entente et aussi de m’occuper de la relation avec le client – tout cela seul et alors que j’en étais à mes débuts en carrière. Ce dossier m’a beaucoup aidé à progresser, non seulement quant au droit substantif, mais quant à la gestion d’un dossier et de la relation avec le client. Vingt ans plus tard, je suis maintenant habitué à transiger avec des intervenants externes et clients et à gérer les aspects gouvernementaux; à cette époque cependant, c’était tout nouveau pour moi!

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte que les avocats maîtrisent mieux l’art de la communication écrite et orale. Je crois, en effet, que la capacité à communiquer d’une façon efficace sépare les ‘bons avocats’ des ‘moins bons’. L’art d’influencer un résultat implique non seulement  d’avoir ‘les faits de son côté’ mais aussi de savoir communiquer efficacement. Cette aptitude implique de se montrer capable de déterminer ce qui est important pour le client, le tribunal ou l’arbitre, afin de développer une stratégie et de communiquer d’une façon qui saura le convaincre. Cela implique aussi de maîtriser l’art de simplifier les choses complexes et, par exemple, de savoir miser sur les ‘bons deux arguments’ au dossier plutôt que sur une douzaine d’entre eux en même temps. Je crois qu’il est important, pour les jeunes avocats en début de carrière, de mettre l’accent sur cet aspect. Je constate cependant que les occasions de s’améliorer sur ce plan sont encore trop peu nombreuses.

La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Il s’agit d’une question à laquelle il est difficile de répondre, même après réflexion. Je crois que la réponse de chacun dépend, en fait, de la perception individuelle qu’il en a. Quant à la mienne, elle est positive, considérant que je reçois fort peu d’échos négatifs de mes interactions avec des non juristes quant à leur perception de la profession, et que je considère que les commentaires négatifs, de façon générale, sont limités dans les journaux et les médias.  Ma perception est à l’effet que les avocats sont tenus en haut respect par la majorité, et cela, peut-être plus encore aujourd’hui qu’avant. Au fil du temps et de l’évolution de ma carrière, je constate plus directement combien les avocats et cabinets s’impliquent auprès de leur communauté, d’organismes de charité et de diverses causes sociales, qu’ils font la promotion de la diversité en milieu de travail et s’assurent que leurs clients fassent ce qu’il convient de faire.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant devenir chef des affaires juridiques?
Évidemment, le point de départ est de maîtriser le droit lui-même. Cela dit, et à bien des égards, la réponse réside encore ici en la communication. Être chef des affaires juridiques d’une compagnie implique bien sûr d’avoir un intérêt pour le monde des affaires. Cela signifie aussi de savoir apprendre à écouter et à laisser les gens parler : c’est la seule façon de connaître ce qui est important pour eux et d’ensuite pouvoir les convaincre de certains aspects d’un dossier particulier. On ne peut, en effet, comprendre les autres en adoptant son propre point de vue. Plutôt que de vouloir montrer à tous ceux présents que l’on sait tout, vaut donc mieux passer son temps à écouter et à tenter, outre le fait de maîtriser les aspects techniques, d’être stratégique. Intégrer le droit au monde des affaires et y apporter un jugement pratique, c’est ce que les membres de la haute direction recherchent. Il faut, pour y parvenir, saisir toutes les occasions possibles de participer aux réunions des cadres, et adopter d’eux les meilleures pratiques : voir comment les autres préparent leurs arguments et font leurs présentations permet de s’approprier les techniques qui fonctionnent le mieux. Maîtriser la communication  et les aspects stratégiques d’un dossier est, véritablement, ce qui permet de se démarquer.

En vrac…
Le dernier bon livre qu’il a lu – Barney’s Version (auteur : Mordecai Richler). Il l’a d’ailleurs lu deux fois!
Les téléséries qu’il aime visionner – Justified (réalisateur : Graham  Yost) et Breaking Bad (réalisateur : Vince Gilligan)
Sa chanson fétiche – Below My Feet (Munford & Sons).
Son expression préférée – un conseil – ” Measure twice, cut once”
Son péché mignon – une bouteille de Chianti Classico!
Son restaurant préféré – The Whalesbone (à Ottawa)
Le pays qu’il aimerait visiter – La Russie – plus particulièrement Moscou & St-Pétersbourg.
S’il n’était pas avocat, il serait….animateur sportif!

Bio

À titre de vice-président exécutif, chef des affaires juridiques et réglementaires de Bell et de BCE Inc., Me Mirko Bibic est responsable de l’ensemble des affaires juridiques, réglementaires et gouvernementales de Bell.
Me Bibic s’est joint à Bell à titre de premier vice-président, questions de réglementation, en janvier 2004 et a par la suite été promu au poste de premier vice-président, affaires réglementaires et gouvernementales en 2008. Par suite de l’acquisition de CTV en 2011, il a également assumé l’ensemble des responsabilités relatives aux affaires gouvernementales et réglementaires pour Bell Média. Sous la direction de Me Bibic, les équipes des affaires réglementaires et gouvernementales de Bell ont contribué à des décisions de politiques publiques favorisant l’investissement, l’innovation et la croissance dans l’industrie des communications canadiennes. Il a été promu au poste de vice-président exécutif, chef des affaires juridiques et réglementaires en mars 2012.
Avant de se joindre à Bell en 2004, Me Bibic était associé directeur du bureau d’Ottawa de Stikeman Elliott, S.E.N.C.R.L., s.r.l. Il est titulaire d’un diplôme en droit de l’Université de Toronto et est membre du Barreau de l’Ontario depuis 1994.
Me Bibic a été reconnu par LEXPERT comme l’un des 40 meilleurs avocats d’entreprise de moins de 40 ans, et il siège actuellement au conseil de l’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS).


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