Faisons parler les leaders – Robert Dorion

Faisons parler les leaders – Robert Dorion

15 August, 2013

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, rencontre Robert Dorion, associé-directeur du bureau de Montréal de Gowlings.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?
Je suis de la première génération des cégeps, et donc de ceux qui ont eu à choisir des concentrations assez tôt en carrière, à savoir en sciences pures ou sciences humaines. Le droit, dans mon cas, est venu presque ”par défaut” au départ.
Mon objectif était non pas tant de devenir avocat, mais de mieux comprendre l’importance du droit dans la société et de me doter de la culture générale que la discipline apporte. J’ai décidé de m’inscrire au système coopératif de l’Université de Sherbrooke, comme cela me permettait de faire des stages en milieu de travail pendant mes études.
C’est mon stage de formation professionnelle qui m’a permis de comprendre ce en quoi consistait le travail d’un avocat. Cela m’a par ailleurs aussi fait sentir le besoin de retourner aux études pour ajouter à mon expérience. La maîtrise en fiscalité, puis le MBA par la suite, m’ont ensuite permis de découvrir dans quelles disciplines du droit je voulais pratiquer.

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi, je l’ai vécu en début de carrière. J’ai, en effet, réalisé que les fiscalistes intervenaient souvent ‘sur appel’ ou en cours de transaction dans les dossiers, alors que je désirais gérer les dossiers et l’évolution de ceux-ci de façon générale plutôt que spécifique ou pointue. Mon objectif était de me rapprocher de la pensée de la transaction et de celle de l’entrepreneur québécois. Mon défi a donc été de réussir à faire la transition d’une spécialité du droit, la fiscalité, à une pratique plus générale de fusions & acquisitions. Cela m’a conduit, au fil des ans, à changer deux fois de cabinet, pour joindre celui qui me permettrait le mieux d’atteindre mes objectifs. De Guy & Gilbert, je suis donc passé chez Desjardins Ducharme, puis chez Gowlings.
L’autre grand défi de ma carrière est survenu alors que j’ai fait mes débuts comme gestionnaire. Pour moi, il était très important de continuer à pratiquer. Pour réussir à faire les deux de concert, il faut apprendre à déléguer et à faire confiance aux autres, qui en viennent nécessairement à faire des plus grandes parties de dossiers. Maintenir la pratique en même temps que d’avoir des fonctions d’associé-directeur n’est pas facile tous les jours, admet-il dans un rire et savoir conserver un horaire équilibré n’est pas toujours quelque chose que je réussis à faire, même après six ans!
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Ma réflexion comporte deux volets.
D’une part, je crois qu’il serait bénéfique de mieux savoir s’adapter à la vitesse de la communication qui prévaut aujourd’hui. Le client s’attend tellement à une réponse instantanée que cela peut parfois mettre un frein à la possibilité d’émettre une réponse qui mériterait parfois une plus grande réflexion. Évidemment, les taux horaires sont tellement élevés qu’il est parfois difficile pour le client de tolérer cette réflexion. Cela dit, la réponse instantannée n’est pas toujours la meilleure, et il faut savoir trouver un équilibre entre le niveau de tolérance des clients et le danger de donner des réponses trop rapides ou artificielles.
D’autre part, si j’avais une baguette magique, je voudrais probablement diminuer l’importance des heures chargeables, et ce, à deux niveaux, soit celui de la facturation et celui de l’évaluation des avocats. Nous facturons le client et évaluons nos avocats, parmi d’autres critères bien sûr, en fonction des heures facturables. Donner plus d’importance aux demandes, enjeux et résultats obtenus dans chaque dossier serait probablement bénéfique et apporterait des changements dans la pratique du droit, du moins en grand cabinet. Cela dit, il faut reconnaître qu’il est évidemment plus facile de recourir à des critères d’évaluation objectifs que des critères subjectifs tels que ceux mentionnés.

La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. En effet, les cabinets nationaux sont souvent plus éloignés du public et plus proches de clients qui consistent en de grandes corporations. Le public, souvent, ne nous voit donc que peu, et retient du métier d’avocat ce qu’il en apprend par la télévision et l’internet…en en tirant des conclusions qui ne sont parfois pas tellement positives.
Cela dit, et particulièrement par les temps qui courent, j’ai l’impression que les ingénieurs nous ont remplacés au palmarès de ceux dont la réputation pourrait être meilleure!, ajoute-t-il avec humour.
Plus sérieusement, je suis d’avis que la perception du public, sans être bonne, n’est probablement pas pire qu’avant. La perception est souvent le fruit d’expériences bien personnelles qui relèvent d’un litige ou encore d’une cause matrimoniale, où l’individu a l’impression d’avoir payé des honoraires d’avocats pour au bout du compte avoir à défrayer les coûts d’une pension alimentaire ou les dommages imposés par un jugement défavorable. Il est parfois facile de mettre la faute sur l’avocat, notamment en litige ou en matière criminelle, et il faut dire que les gens ont au surplus tendance à parler davantage des mauvaises expériences que des bonnes.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière  et souhaitant réussir en cabinet d’avocats dans le domaine du droit des affaires, comme vous?
Je crois que la clé de la réussite est d’être le plus heureux possible et de savoir choisir le domaine de pratique qui nous convient le mieux. Il faut savoir identifier ses champs d’intérêt pour éviter que la pratique ne devienne machinale, et accepter de commencer par le début, par les tâches de base. Quelqu’un d’heureux dans ce qu’il fait est toujours prêt à en faire un peu plus. Et plus on en fait, plus on est porté à en faire davantage : il est bien connu que l’on a tous tendance à aller vers les gens les plus occupés pour faire faire quelque chose!
Même s’il y a dans tout cela un peu de chance, il est vrai, je crois qu’il faut aussi éviter “d’attendre le succès“ et prendre les choses en mains. Bien des gens veulent des promotions immédiates et du succès instantané, alors que cela se produit pour bien peu d’entre nous. Il faut plutôt savoir faire preuve de patience et se montrer perspicace, en saisissant les opportunités quand elles se présentent.

En vrac…
• Les livres qu’il nous  recommande –
Les Piliers de la terre, La Chute des Géants, et Le Réseau Corneille, de Ken Follett, et Volte-face, de Michael Connelly.
• Les derniers bons films qu’il a vus – Lincoln (réalisateur : Steven Spielberg) et Intouchables (réalisateurs : Éric Toledano et Olivier Nakache)
• Sa chanson fétiche – Could I have this dance (For the rest of my life) (Anne Murray)
• La qualité qu’il préfère chez les gens  – La ténacité (à distinguer de l’entêtement précise-t-il!)
• Son péché mignon – Les chips, toutes saveurs confondues!!
• Son restaurant préféré –
Europea (Rue de la Montagne, Montréal)
• Des pays qu’il aimerait visiter –
La Chine, le Vietnam et le Japon
• Ce qu’il admire chez les personnages publics :
Il a de l’admiration pour ceux au tempérament  rassembleur, surtout dans une société comme la nôtre, de plus en plus individuelle.
• S’il n’était pas avocat, il serait …un chroniqueur politique ou un journaliste sportif, question de donner cours à ses deux passions, la politique et le sport!

Bio

Me Robert Dorion est associé-directeur du bureau de Montréal de Gowlings. Il est également avocat spécialisé en droit des sociétés, en droit commercial, en fusions et acquisitions de même qu’en fiscalité. Il a notamment développé une expertise en matière de réorganisation, d’acquisition, de fusion et regroupement d’entreprises, de négociation de contrats, de financement privé ou public et de valeurs mobilières. Ses interventions professionnelles sont effectuées auprès d’une vaste clientèle composée d’entreprises privées et publiques œuvrant dans tous les secteurs de l’économie à l’échelle locale, nationale et internationale.
Me Dorion a siégé à de nombreux conseils de sociétés publiques et privées, dont ceux de Groupe Laperrière & Verreault inc. et de Matco Ravary inc.
Me Dorion a obtenu un baccalauréat en droit (LL.B.) de l’Université d’Ottawa en 1973 et est titulaire d’une  maîtrise en fiscalité et d’un MBA de l’Université de Sherbrooke. Il est membre du Barreau du Québec depuis 1975.


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