Le marché de l'emploi en mutation

Le marché de l'emploi en mutation

12 November, 2014

Les avocats en droit des affaires demeurent recherchés, mais le marché a grandement évolué depuis quelques années. Trois expertes bien branchées sur les besoins des cabinets et des entreprises répondent aux questions de La Presse Affaires.

Quels sont les profils d’avocat les plus difficiles à trouver sur le marché?

«Les associés avec sept ans de pratique et plus qui ont une clientèle établie et un bon réseau de contacts», affirme Dominique Tardif, vice-présidente, ZSA Recrutement Juridique.

Elle explique que la tarte des clients ne s’élargit pas puisqu’il n’y a pas plus de sièges sociaux à Montréal. 

«C’est même le contraire, précise-t-elle, alors les avocats sont toujours en concurrence et tentent d’aller chercher les clients des autres pour générer plus de revenus à leur cabinet et donner du travail aux plus jeunes qui n’ont pas ce pouvoir d’influence.»

Elle remarque aussi que même si les demandes pour de jeunes avocats en valeurs mobilières sont rares, lorsqu’une se présente, il est toujours un peu difficile de trouver la perle rare.

«Il y a moins de compagnies qui sont publiques qu’il y a 10 ans, alors on forme peu de jeunes dans le domaine, explique Mme Tardif. Les jeunes qui développent ce profil peuvent avoir à être patients, mais lorsque la demande se fera sentir, ils auront une bonne valeur sur le marché.»

Elle ajoute que les avocats en fiscalité sont aussi généralement très recherchés.

Quelles sont les expertises en émergence?

«Les avocats intéressés par les questions de gouvernance, d’éthique et de conformité», indique Dominique Tardif.

«Avec tous les scandales qui ont éclaté dans les médias ces dernières années, les entreprises veulent s’assurer qu’elles font les choses dans les règles pour prévenir ou régler un problème, explique-t-elle. Même les cabinets vont se chercher des spécialistes dans le domaine pour s’assurer que le travail de leurs différents avocats dans le monde n’entre pas en conflit d’intérêts.»

Elle remarque aussi que suivre une formation additionnelle dans leur domaine de pratique est toujours une stratégie gagnante pour les avocats.

«Par exemple, un MBA pour un avocat qui souhaite travailler en entreprise lui permettra de comprendre les états financiers et de mieux communiquer avec les gens d’affaires, explique-t-elle. Ces compétences additionnelles feront de lui un avocat plus complet, et c’est un atout alors que le marché de l’emploi est compétitif.»

Y a-t-il encore une grande demande d’avocats pour la pratique en entreprise?

«La tendance est encore très forte», affirme Caroline Haney, fondatrice de Recrutement Juridique Haney.

Elle croit que le marché de vendeurs où les avocats en cabinet imposaient leurs conditions à leurs clients s’est transformé en un marché d’acheteurs.

«Les entreprises veulent une offre de services flexible et adaptée à leurs besoins, comme des sommes forfaitaires plutôt qu’une facturation à la seconde, explique-t-elle. Sinon, elles recrutent des avocats à l’interne.»

Généralement, pour travailler en entreprise, les avocats en droit des affaires avec trois à cinq ans d’expérience sont particulièrement recherchés.

«Les entreprises planifient la relève en recrutant à la base pour ensuite développer le potentiel de ces avocats et leur faire gravir les échelons», explique Caroline Haney.

Elle remarque qu’en plus de leur expertise en droit des affaires, les bons avocats en entreprise arrivent à répondre à des questions liées à d’autres domaines, concernant des congédiements par exemple, ou la propriété intellectuelle.

«On recherche aussi maintenant des avocats orientés solutions en entreprise comme en cabinet, dit-elle. Ils doivent aller plus loin que la théorie et faire des recommandations concrètes.»

Quelles sont les conditions de travail attrayantes pour les avocats?

«Pour bien des jeunes avocats, le salaire est important, mais cela ne suffit plus, affirme Caroline Haney. Les cabinets d’avocats, contrairement aux cabinets comptables, ont encore souvent de la difficulté à le comprendre. Les jeunes avocats veulent pouvoir prendre des vacances, avoir des avantages sociaux, ne pas se faire regarder de travers s’ils prennent un congé de maternité, et c’est ce qu’on leur offre en entreprise.»

Caroline Haney croit que les cabinets auraient avantage à s’adapter et à proposer par exemple des offres de rémunération variable en fonction du nombre d’heures facturées et différents profils de carrière.

«Certains avocats en cabinet pourraient se spécialiser dans le développement d’affaires, d’autres pourraient développer des expertises plus pointues comme le font les cabinets comptables», explique-t-elle.

Où vont majoritairement les étudiants pour leur stage en droit des affaires?

«Les grands cabinets d’avocats sont toujours très recherchés par les étudiants, et la concurrence est très forte à travers le Québec pour obtenir ces stages très organisés et qui offrent aux étudiants la chance de travailler sur des dossiers complexes», remarque Aminata Bal, coordonnatrice du Centre de développement professionnel, à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.

Par contre, cela ne convient pas à tous les profils. Les étudiants peuvent aussi opter entre autres pour un stage en petit ou moyen cabinet.

Le grand défi, toutefois, aux yeux d’Aminata Bal pour les stagiaires est de se faire embaucher par le cabinet après les six mois de stage obligatoire. «La récession a nui au taux de rétention, mais on sent un certain regain économique maintenant», affirme-t-elle.

Aminata Bal remarque que certains étudiants en droit notarial font aussi un stage en droit des affaires dans des bureaux d’avocats et que les cabinets comptables accueillent également des stagiaires. Pour ce qui est des entreprises, certaines offrent des stages, mais cela demeure plutôt marginal.

«De plus en plus d’entreprises créent des contentieux, ou souhaitent agrandir leur équipe, mais souvent, ces avocats n’ont pas le temps de former des étudiants, précise Aminata Bal. Les entreprises embauchent souvent davantage des avocats avec quatre ou cinq ans d’expérience en cabinet.»

Quelles sont les formations complémentaires et les aptitudes les plus recherchées sur le marché du travail?

«Un diplôme en fiscalité, en gestion, ou en finance, affirme Aminata Bal. La maîtrise de l’anglais est aussi extrêmement importante en droit des affaires, de même que la curiosité intellectuelle, l’intérêt pour l’actualité, une grande créativité, une bonne capacité à travailler en équipe, de la minutie et de la rigueur.»


Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Vancouver

1050 West Pender Street, Suite 620 Vancouver B.C V6E 3S7

(604) 681-0706

vancouver@zsa.ca

Calgary

(403) 205-3444

calgary@zsa.ca

Toronto

200 University Avenue, Suite 1000 Toronto, ON M5H 3C6

(416) 368-2051

info@zsa.ca

Montreal

1470 Peel St, Suite 726 Montreal, Quebec H3A 1T1

(514) 228-2880

montreal@zsa.ca